J’avais 14 ans et tout ce que je voulais dans la vie, c’était des enfants. En fait, une carrière et des enfants, mais des enfants d’abord et avant tout. Quelques années plus tard, étant étudiante en droit à l’université, j’ai abandonné le programme le jour où un des professeurs a mentionné que ce qui nous attendait une fois sur le marché du travail, c’était une moyenne de 70 heures par semaine pendant les 7 premières années à travailler dans l’ombre d’un autre avocat, le temps se faire un nom et de pouvoir envisager d’être un jour à son compte. Je me souviens encore précisément de ce moment où, assise parmi le groupe d’une trentaine de futurs notaires et avocats, je me suis posé la question : « Mais mes enfants dans tout cela, je vais les avoir quand? ».
La vie m’a par la suite accordé 4 merveilleux enfants, 3 filles et un garçon. À ce niveau, je suis comblée! C’est ce que j’ai le plus souhaité de toute ma vie.
Ma première fille, Geneviève, est arrivée alors que je n’avais que 22 ans. J’étais une jeune femme déterminée avec quand même un bon caractère malgré une confiance en soi fragile que je réussissais à bien dissimuler.
Devenir maman est mon plus bel accomplissement, j’en suis extrêmement fière, mais je ne peux m’empêcher de ressentir de la compassion quand je vois de futures mamans avec leur jolie bedaine, les yeux brillants et le visage radieux en sachant un des défis qu’elles auront à affronter. Je parle ici de ces moments de doute, de fatigue, ceux où on se remet en question en tant que maman et on se demande si on devrait « s’écouter », se faire confiance ou écouter les conseils des autres qui veulent nous aider mais ne pensent pas comme nous.
J’écris cet article en espérant qu’il viendra en aide et tombera entre les mains de futures mamans au bon moment, c’est-à-dire avant qu’elles soient confrontées à ce déchirant dilemme. On le vit toutes.
Je m’explique… j’étais enceinte, pleine d’énergie pendant toute ma grossesse. Tout a été préparé soigneusement, la chambre, les premiers petits vêtements, cours prénataux, etc. Je visualisais mon accouchement, tout allait bien se dérouler et ce merveilleux petit trésor allait être dorloté et traité aux petits oignons. J’allais devenir maman et rien au monde n’allait m’empêcher de prendre soin de mon poupon et de l’aimer de tout mon cœur.
Et arriva le jour « J »; l’accouchement. Pour moi, tout était clair, j’allais accoucher sans anesthésie. Les contractions augmentant en force, l’infirmière m’a demandé si je voulais qu’elle appelle l’anesthésiste pour recevoir l’épidural. Me sentant bien préparée, je l’ai informée que je souhaitais accoucher naturellement. D’un ton sec et impatient, elle a répliqué : « Écoute, tu n’es pas la première à arriver ici avec tes bonnes intentions d’accoucher naturellement. Mais tu vas voir tantôt, quand tes contractions seront plus avancées, tu vas me supplier d’appeler l’anesthésiste et il ne pourra peut-être pas s’en venir à temps, tu seras prête à pousser. Alors c’est maintenant qu’il faudrait l’appeler. »
Doute et remise en question
Ce fut mon premier moment de doute et de remise en question.
J’étais sans mot. Je croyais que j’allais arriver à l’hôpital et avoir tout le soutien moral des infirmières qui allaient m’assister pendant mon accouchement. Sur le coup, j’ai réagis spontanément en lui répétant que je tenais à accoucher sans anesthésie. Elle a fait un roulement des yeux et est allée vaquer à ses autres tâches. Je me suis questionnée intérieurement, me demandant si elle avait raison et si je devais l’écouter. Tout à coup que je me trompais? Et quelques contractions plus tard, j’ai cédé à la peur que j’avais permis à cette infirmière de placer en moi et j’ai demandé qu’on appelle l’anesthésiste. J’ai eu l’épidural. Tout s’est bien déroulé et Geneviève était une véritable merveille. Mais mon rêve d’accoucher en contrôle, par moi-même, ne s’était pas concrétisé. Je reste encore convaincue à ce jour que j’aurais réussi à accoucher naturellement si l’infirmière m’avait plutôt reçue en me prévenant qu’une fois les contractions plus fortes, j’allais être tentée de changer d’idée et demander la médication. Mais d’être forte et confiante et qu’elle allait m’aider à chacune des étapes. Je suis certaine que j’aurais été capable. Mais le doute s’est accaparé de moi.
Des conseils, des conseils et encore des conseils
Ensuite, dans les semaines et les mois à venir, cela m’a frappé de constater à quel point tout le monde a « de bons conseils » à nous donner. Que ce soit la belle-maman, mes propres parents, une amie, une tante, le ou la pédiatre, etc. Tout le monde veut être aidant et nous dire comment faire. Un te dis de toujours vêtir bébé d’une petite tuque et lui couvrir les oreilles alors qu’un autre dit que bébé a besoin d’air et s’adaptera très bien à l’air frais, donc pas de tuque à moins d’une grande fraîche à l’extérieur.
Grand-maman dit de ne pas trop bercer bébé et la laisser pleurer un peu pour pas « la gâter » alors que la collègue de travail qui vient en visite pense, elle, qu’un bébé ça ne se gâte pas et qu’il faut lui donner tout l’amour et tous les câlins qu’on peut car ces trésors grandissent tellement vite.
Le médecin recommande d’attendre à six mois ou plus avant de commencer les céréales alors que papa est craintif et insiste pour que bébé commence à manger à deux ou trois mois.
Une vante les vertus des couches lavables et l’autre serait incapable de vivre sans les jetables.
Apprendre à se faire confiance
Après l’accouchement de ma 2e fille, quand elle a eu 21 jours, on a passé une nuit blanche car elle pleurait intensément. Je pensais au début que c’était simplement des coliques mais le lendemain matin, son état se détériorait et elle était inconsolable. On s’est rendu à l’hôpital pour apprendre quelques heures plus tard qu’elle avait une méningite méningocoque bactérienne (la pire sorte et la plus dangereuse). Elle a été hospitalisée pendant 6 semaines. Au cours de cette période, ils ont passé plusieurs tests pour valider si elle allait avoir des séquelles permanentes et j’ai été rencontré par le pédiatre en chef avec toute son équipe. Il m’a informé que Marie-Michèle était sourde d’une oreille et que cela allait affecter tout son développement et qu’elle allait être « plus lente » que les autres élèves de son âge vu le débalancement créé par la surdité partielle. Étant une personne de nature optimiste, j’écoutais ce qu’il me disait tout en me répétant mentalement que tout allait s’arranger et qu’on trouverait la force en nous de traverser cette épreuve. Le pédiatre en chef, surpris que je ne sois pas en pleurs, a répété avec insistance que je devais me faire à l’idée, que ma fille était sourde d’une oreille, que cela était irréversible et allait affecter son développement toute sa vie. Devant son caractère imposant, sentant une pression à réagir, je me suis mise à pleurer. À notre grand bonheur, quand on est retourné six mois plus tard pour des tests de suivi, un miracle s’est produit et Marie-Michèle entendait très bien des deux oreilles et n’avait AUCUNE séquelle de sa méningite. Elle s’est développée normalement en suivant très bien les autres enfants de son âge.
Autre anecdote, quand j’ai accouché de mon 4e enfant, mon fils Natan, la pédiatre en fonction m’avait recommandé de cesser l’allaitement. Elle m’avait dit que bébé perdait du poids et que mon lait n’était probablement pas assez nourrissant. Dévastée, ayant allaité chacun de mes trois autres enfants jusqu’à 5 – 6 mois environ, j’ai pleuré presque toutes les larmes de mon corps. Je ne savais pas quoi faire. Et puis, sur l’avis d’une des infirmières qui m’avait glissé en douce : « Donne-toi une semaine, fais-toi confiance et continue l’allaitement », je suis retournée à la maison et malgré ma peur de nuire à mon enfant en allant à l’encontre de la suggestion de la pédiatre, j’ai pris le risque de suivre mon intuition et j’ai continué d’allaiter. Au rendez-vous de suivi au CLSC, une semaine plus tard, Natan avait non seulement repris tout le poids perdu mais il dépassait sa courbe de croissance. Il a été un beau gros bébé dodu.
Chacun a sa façon de voir les choses, ses valeurs et ses opinions en fonction de son vécu, sa formation et ses expériences. MAIS la personne la plus spécialisée et qui s’y connaît intuitivement le plus, c’est la maman qui a porté son enfant pendant neuf mois dans son ventre. Croyez-moi, vous avez en vous tout ce qu’il vous faut et aucun cours ni aucun conseil de quiconque ne peut mieux vous guider que votre propre instinct maternel. FAITES-VOUS CONFIANCE.
Oui, écoutez les conseils qui vous sont donnés, mais ne les acceptez pas aveuglement sans d’abord vous demander s’ils vous conviennent, s’ils sont en accord avec vos valeurs, le style de parent que vous êtes.